• Le Liban insoumis (1/2)

    LE LIBAN INSOUMIS par Farid DAOUDI et Abdellah OUAHHABI

    Des faits d'actualité remettent le Liban en première page de l'actualité : ce lundi 26 octobre, contrevenant à la résolution N°1701 de l'ONU, l'aviation israélienne a attaqué un navire de l'armée allemande faisant partie des troupes de l'ONU au Liban (FINUL 2). De plus depuis une semaine, l'aviation israélienne viole régulièrement l'espace aérien du Liban malgré la demande du ministre de la défense de la France, pays placé par l'ONU à la tête de la FINUL2. Et le ministre de la défense israélien a déclaré que son armée continuera à le faire. Cela vide de sa substance ladite résolution de l'ONU qui visait à « rétablir la souveraineté du Liban sur tout son territoire ». L'hypocrisie des grandes puissances est patente : que fait l'ONU dans ce cas précis ? Rappelons que depuis 1967 des résolutions de l'ONU demandent à Israël de quitter le territoire des fermes de Cheb'a. On croyait que cette fois-ci, Israël allait le faire pour cautériser ce point de fixation de son différend avec le Liban. Israël a retardé son départ pour faire des pressions sur l'ONU et l'obliger à désarmer le Hezbollah - le cauchemar de Tsahal et l'auteur de sa cinglante défaite. La résolution en question (1701) ne prévoit pas que les troupes de la communauté internationale désarment le Hezbollah : c'est une affaire intérieure libanaise. Donc, quand Israël prétend avoir le droit de violer l'espace aérien du Liban tant que le Hezbollah n'est pas désarmé, quand Israël invoque pour cela ladite résolution de l'ONU, Israël triche. Il y a une mauvaise foi évidente d'Israël ; et en plus, il y a toujours occupation de territoires étrangers par la force : les fermes de Cheb'a..., origine du conflit qui vient de se figer. Les mêmes problèmes produisant les mêmes effets, on peut s'attendre à ce que l'histoire bégaie. Ce conflit régional est loin d'être terminé. Tout dernièrement, le sommet de la francophonie s'est déroulé à Bucarest en Roumanie, sans la présence du président du Liban Émile Lahoud, et ce à la demande de la France. Pourtant le Liban est un membre fondateur de l'OIF (organisation internationale de la francophonie). Ces évènements montrent qu'après la récente tentative d'invasion par Israël , le Liban reste l'objet de pressions internationales occidentales très importantes, toutes en infraction avec les résolutions de l'ONU et avec le droit international : invasion territoriale et immixtion dans ses affaires intérieures. Il faut rappeler sans doute que cette organisation (l(OIF) comprend des États donateurs d'aide - la France, la Belgique , le Canada, La Suisse - et des États récipiendaires de celle-ci - tous les autres. Le but premier de l'OIF est de promouvoir l'usage d'une langue ─ le français. Mais, le but implicite pour les donateurs est que l'usage de la langue, en plus du prestige international qu'il confère si les usagers sont plus d'une centaine de millions, soit aussi un vecteur commercial et une source de cadres de haut niveau formés par les pays pauvres francophones et captés par les pays donateurs sans avoir à en payer la formation. Les pays pauvres de l'OIF sont là espérant glaner ou se partager quelques aides bienvenues pour l'économie nationale dans le meilleur cas, pour enrichir encore un peu plus les élites locales corrompues dans un autre cas. Dans une Union Européenne à 27 pays, la crainte de la France était que le Français soit abandonné comme langue officielle parlée uniquement en France et dans une partie de la Belgique. Aussi priorité a été donnée à l'admission de nouveaux membres européens, même si historiquement, ils sont aussi peu francophones que la Bulgarie ou la Roumanie. Dans l'autre sens, la solennité des sessions permet de conforter l'image internationale des régimes qui participent à ces sommets. Traditionnellement, l'OIF regroupe les pays d'Afrique autour des anciennes métropoles coloniales française et belge. Puis, elle s'est étendue aux pays de l'ancienne Indochine. Il est évident que tous les pays participants ne pèsent pas d'un même poids sur la vie et les prises de position de l'OIF qui est une sorte de « Commonwealth à la française » : à travers elle s'exprime la politique africaine et la politique arabe de la France. Des pays comme l'Algérie, soucieux de leur indépendance, refusant cette forme policée de néocolonialisme et de parrainage international sont restés à l'écart ou bien ils ont préféré le statut d'observateurs. Le récent sommet de la francophonie est marqué par deux faits importants : l'entrée de pays nouveaux comme l'Arménie et la Roumanie. Ces pays nouveaux de la Francophonie qui sont à l'évidence des pays récipiendaires de l'aide vont augmenter le nombre des convives autour de la table. Or la France ne mettra pas plus d'argent parce qu'elle doit alléger sa dette extérieure et son déficit budgétaire pour être en conformité avec les obligations de l'Union Européenne. Il y en aura moins pour chacun des candidats à l'aide. De plus, les participants africains, arabes qui étaient les piliers politiques de l'organisation voient avec inquiétude ce basculement de la politique française en faveur des pays de l'Europe de l'est. C'est dans ce contexte que s'est produit le second évènement majeur de ce sommet de la francophonie : le Liban, partiellement francophone depuis le XIX ème siècle et même depuis les croisades ! n'est pas représenté par son chef d'État alors que des pays comme l'Arménie le sont et c'est le président du pays d'accueil, la Roumanie, qui a déclaré avoir refusé d'inviter le président libanais. C'est un comble. Les diplomates ont tenté d'étouffer le scandale en invitant le Premier ministre libanais, Monsieur Siniora le pro-occidental pour contester la politique nationaliste et pro-arabe du Président Lahoud représentatif de la majorité des Libanais tout en étant de confession chrétienne. Cette contradiction va encore s'aiguiser : la France, « pays protecteur de Liban », a voulu être la première force militaire et la coordinatrice de toutes les troupes de l'ONU au Liban. Israël refuse de quitter les territoires occupés depuis 1967. L 'armée française portant les couleurs blanches de l'ONU va-t-elle bouter Israël hors de frontières du Liban et protéger son espace aérien ? La France n'en est pas à une contradiction près dans cette région. Le soldat israélien fait prisonnier par le Hezbollah est de nationalité française : c'est un immigrant ou un fils de colon, d'occupant français venu s'installer en terre de Palestine. La diplomatie française a officiellement réclamé sa libération. Or il a été fait prisonnier sous l'uniforme israélien. Sous cet uniforme, lui et ses frères d'armes ont tué des civils, hors du cadre autorisé par l'ONU. Ils ont tué, blessé, ruiné d'autres citoyens français - des Arabes libanais de nationalité française parce que beaucoup de ces descendants des Francs des croisades ont eux aussi la nationalité française. Pourquoi la France considère-t-elle certains Français comme plus français que d'autres ? Tout cela donne sur place un climat un peu interlope où le non-dit pèse lourd. Le Président Libanais a ouvertement accusé la France d'immixtion dans les affaires intérieures du pays. On a effectivement lu ici ou là que c'est la France qui a insisté pour que la Roumanie n'invite pas le Président libanais. Ils ont eu l'idée d'inviter à sa place le Premier ministre qui ne pouvait accepter. Celui-ci a délégué le ministre de la culture. En fait dans les relations franco-libanaises ont se retrouve dans une situation à fronts inversés : L'ami des Occidentaux est le Musulman sunnite Siniora pro-américain et l'indésirable est le Chrétien maronite Lahoud et aussi le général chrétien Aoun, chef d'une formation politique chrétienne importante. Ceux-ci se sont avérés panarabes, proches de leur peuple et de la résistance populaire contre Israël, l'occupant d'une partie du Liban. Proche aussi des Palestiniens et des aspirations du reste du monde arabe et du monde musulman. À remarquer : Au Liban, la diplomatie française (et sa francophonie) joue actuellement la légalité du Premier ministre contre celle du Président. En Palestine, elle joue la légalité du Président contre celle du Premier ministre. La contradiction n'est que formelle : au Moyen-Orient, la France joue toujours la légalité la moins appuyée par les citoyens en vue d'y renforcer son influence. La France officielle « vend » au reste du monde la démocratie et les droits de l'homme ; dans sa pratique des relations internationales, elle préfère aller contre la volonté populaire... Le paysage se brouille complètement si l'on tient compte des projets d'intégrer Israël à l'OIF. Israël fait déjà partie de l'Europe pour ce qui concerne les sports et le football. C'est une chimère de la géographie, inventée par l'Occident parce qu'aucun pays de la région ne veut jouer avec l'envahisseur et parce que l'on veut à tout prix faire d'Israël un pays « normal, comme les autres ». Si demain Israël est introduit dans l'OIF, ce sera vraiment la fin de la politique africaine et arabe de la France ; celle-ci se sera définitivement alignée sur les USA et l'OTAN. Tout cela paraît compliqué, mais en fait tout est simple. Profitant de la disparition de l'URSS et de la fin de la guerre froide, il fallait profiter de la suprématie américaine, remettre tout le problème à plat et remembrer le Moyen-Orient dans une nouvelle optique : éliminer ou restructurer tous les États de la région qui s'opposent encore à la politique occidentale. D'où les agressions contre l'Irak. On sait que ces manigances n'ont mené à aucun résultat tangible pour un coût financier et humain qui commence à de venir intolérable. D'où aussi les pressions ascendantes et les menaces ouvertes contre l'Iran. D'où les manœuvres contre la Syrie. À force de pressions, l'Organisation de la Libération de la Palestine , après l'assassinat par empoisonnement de son chef charismatique, Yasser Arafat, les Occidentaux étaient presque arrivés à faire accepter officiellement l'existence d'Israël et aussi d'un État palestinien en forme de bantoustan sud-africain : un État miniature, caviardé par d'immenses colonies sionistes armées ayant un statut d'extraterritorialité. C'est alors qu'un coup de tonnerre déchira le ciel des certitudes des sionistes et de leurs parrains américains et européens : le peuple palestinien a démocratiquement élu une force propre intellectuellement, politiquement et financièrement : le Hamas qui revient sur toutes les concessions sans contrepartie de l'OLP, y compris sur la reconnaissance d'Israël. L'Iran, l'Irak, la Syrie, le Hezbollah au Liban, le Hamas en Palestine - ce faisceau de situations locales avait une signification claire pour les USA et pour Israël : la carte du Moyen-Orient, dessinée au début XX ème siècle, corrigée au milieu du XXème siècle avec la création de la chimère politique nommée « Israël » avait été un échec. En effet, après soixante de guerre, Israël n'a toujours pas réussi à s'intégrer dans une vie régionale pacifique et les intérêts occidentaux restent à la merci du dernier mouvement nationaliste qu'il soit marxiste, panarabe ou islamiste. Il fallait dans le cadre d'un grand remembrement du Moyen-Orient créer des mini États encore plus petits que ceux qui existent, sur la base de contradictions confessionnelles, culturelles et autres, avec au milieu Israël, un État puissant et dominateur. Il est connu que la France a tout fait aux côtés des USA pour obtenir de l'ONU une résolution obtenant le départ des troupes syriennes du Liban. Et l'on sait que sitôt ces troupes parties, Israël a envahi le Liban... comme s'il s'agissait de deux opérations coordonnées. On peut même y voir quatre opérations coordonnées : instrumentalisation de l'ONU contre la Syrie , instrumentalisation de l'ONU contre l'Iran, attaque d'Israël contre le Hamas en Palestine et attaque d'Israël contre le Hezbollah au Liban. Le tout sur fond de « pacification » en Irak... les Algériens connaissent très bien le sens du mot « pacification ».
    C'est dans le contexte de ce plan d'ensemble des USA, du Royaume-Uni, de la France et des nouvelles ambitions diplomatiques (devenir membre du Conseil de Sécurité de l'ONU) et militaires (l'Allemagne intervient désormais en Afghanistan, elle collabore avec les Usa en Irak par le biais de ses services secrets, etc.) internationales de l'Allemagne que nous (Farid Daoudi et Abdellah Ouahhabi ) avons décidé de vérifier le résultat de cette politique sur les populations concernées : les Libanais. Une sorte de radioscopie de chacune des principales communautés libanaises. Comment la société libanaise et ses différentes communautés allaient résister aux forces centrifuges auxquelles elles étaient exposées ? Le Liban allait-il s'incliner devant les injonctions de l'Occident pour se mettre contre la Syrie , contre l'Iran, conter les Palestiniens, contre la cause arabe ? Au plus fort de l'intervention Israélienne, nous avons trouvé sur le site Internet Libanvision.com un texte « le Liban restera souverain et uni » signé par Vénus Khoury Ghata. Celle-ci est un écrivain francophone. Ancienne collaboratrice du Figaro, elle est installée à Paris depuis très longtemps. Elle est maronite. Son point de vue était donc intéressant dans la mesure où il émanait d'une communauté que l'agression israélienne visait à détacher de ses compatriotes chi'ites plus massivement engagés dans la guerre contre Israël. Le texte paru sur les colonnes de Libanvision.com ne contenait aucune information exclusive nouvelle sur le conflit en cours ou sur son origine. Son intérêt venait de ce qu'il exprimait la prise de position d'une communauté donnée. Nous avons donc tenté de joindre Madame Vénus Khoury Ghata ou Monsieur Druart, le directeur de publication du site Libanvision.com pour nous faire confirmer la source du texte et afin d'obtenir l'accord de l'auteur pour être nommément cité. Mais cela ne fut pas aisé et prit du temps. Les évènements chauds se succédant à une vitesse folle, Farid Daoudi a décidé de faire publier immédiatement le contenu du texte sous ses initiales en attendant les éclaircissements à venir : il s'agissait bien d'une compilation de faits connus comme certaines résolutions de l'ONU. Cet article devait être le premier d'une série représentant les points de vue des principales communautés libanaises. Ce texte fut bientôt repris par le Figaro (10.08.06). À la rédaction de El-Moudjahid où Farid avait fait publier le texte « lsraël ne veut pas d'un Liban souverain et uni » (15.08.06), l'affaire fut à tort considérée comme un plagiat. Cela était faux ... En effet, Farid Daoudi avait bien fait de ne pas mentionner le nom de l'auteur avant vérification : le Figaro publia bientôt un correctif (12.08.06, p.17) : le texte n'avait pas pour auteur Madame Vénus Khoury Ghata, mais le docteur Pierre Salem. Mais, El-Moudjahid, suite à une crise d'autorité incompréhensible et dans des jalousies internes s'embourba dans de gros mensonges inventant un incident diplomatique franco-algérien lié à la publication de cet article ... le tout pour justifier l'interruption de la série de reportages et d'interviews sur la solidité de la société libanaise et sur la force des liens du Liban avec la cause arabe. Nous reprenons ici la suite de cette étude par conscience professionnelle : il faut finir un travail d'explication en direction du lectorat algérien et francophone, de la situation complexe qui prévaut au liban. Nous ne pouvions pas nous rendre au Liban, mais Paris est un petit Liban où toutes les tendances sont représentées. Nous avons fini par trouver Madame Vénus Khoury Ghata et le docteur Pierre Salem et nous les avons interviewé en exclusivité. Nous avons rencontré des personnalités proches du parti chi'ite El-Amal de Nabih Berri, un allié du Hezbollah. Nous avons interviewé aussi un représentant de la communauté sunnite du Liban. Bien sûr, le Hezbollah étant classé « organisation terroriste » en France, il n'a pas été possible de trouver un Libanais acceptant de s'exposer judiciairement en parlant en son nom. Pour l'opinion de son parti, nous nous réfèrerons à l'interview de son chef, Hassan Nasrallah par Talal Salman, le rédacteur en chef du journal libanais As-Safir (cet interview a été traduit par Marcel Charbonnier pour le très riche site voltairenet.org).

    Voici donc ces différents points de vue. Mais, avant, un historique pour mettre les évènements en perspective.
    Il faut savoir qu'au Liban, il est un fait historique que la majorité politique officielle ne représente pas la majorité démographique : un système colonial, puis néocolonial très compliqué, installé au long des XIX ème et du XXème siècles prive certaines communautés et en particulier les Chi'ites d'une représentation politique équitable. Pour savoir le poids des déclarations des uns et des autres sur le terrain, dans « le Liban réel », il faut les pondérer par les observations démographiques et aussi par l'observation des conséquences constatées après la dernière guerre contre l'occupant Israélien. En fait, il faut faire un retour sur l'Histoire du Liban que nous présentons en annexe à ce dossier. Nos deux interlocuteurs maronites, Monsieur Pierre Salem et Madame Khoury Ghata confirment leur attachement au Liban et à la nation arabe de façon nette et semble-t-il définitive. Bien sûr, on retrouve dans leur propos une approche élitiste de la société et une nostalgie, basées sur des avantages acquis durant la longue période coloniale et néocoloniale. Tous deux expriment une sympathie pour le Sunnite Siniora, allié objectif actuel des USA et de la France pour recomposer le Moyen-Orient. Mais cette attirance est réfrénée par le constat de la victoire du Hezbollah qui, par delà les hiérarchies politiques, a consolidé les liens entre les différentes communautés. Notons aussi que nous n'avons pas pu interroger les tenants d'une autre tendance chrétienne importante : les amis du président de la République et ceux du général chrétien Aoun qui sont tous deux proches du Hezbollah et proclament haut et fort l'arabité du Liban en renforçant les relations avec la Syrie. Il suffit de partir de la situation objective de « gibier » que constitue le Moyen-Orient pour tous les prédateurs à la recherche de sources énergétiques sédimentaires, acquises par la force à vil prix dans le cadre d'un marché international sous contrôle. La compréhension de la situation libanaise impose de garder en vue l'histoire de la société libanaise et au de-là les aspirations arabes dans la région. Dans un premier temps, dans le cadre de l'empire ottoman, au XIXème siècle, à l'occasion de troubles sanglants entre les Druzes et les Maronites qui tournèrent à l'avantage des premiers. Cela donna lieu à une vague de réfugiés et d'émigrants, les grandes puissances chrétiennes du XIX ème siècle (la France , la Grande-Bretagne, l'Autriche-Hongrie, la Russie, la Prusse) envoyèrent un corps expéditionnaire ─ d'août 1860 au mois de juin 1861. ─ et obligèrent l'Empire ottoman à créer une province (mutasarrifiya) autonome du Mont-Liban en 1861. Elle devait être dirigée par un gouverneur, sujet ottoman mais obligatoirement chrétien, sous la surveillance des consuls européens. Un conseil consultatif central, majoritairement composé de chrétiens, fut également mis en place sur une base communautaire proportionnelle. Plus tard quand l'empire ottoman fut défait aux côtés de l'Allemagne, après la Première Guerre Mondiale, chacune des deux puissances victorieuses, l'Angleterre et la France , avait ses propres traditions coloniales et elles ont eu pour tâche de se partager le Moyen-Orient. En Afrique, la France pratiquait déjà la colonisation directe par le biais d'une minorité française ou assimilée (des Européens – des Français déportés, des Portugais, des Espagnols, des Italiens, auxquels la nationalité française était accordée très généreusement) pour créer une masse démographique minimale suffisante face aux « indigènes ». Les Anglais excellaient dans la colonisation indirecte : cela consistait à diriger les pays soumis à travers des minorités locales non représentatives, placées au-dessus des majorités locales. Ladite minorité ne pouvait pas garder ses avantages sans le soutien militaire des Britanniques ; elle ne pouvait jamais s'émanciper de cette protection. Ainsi fut fait. Le 20 avril 1920, la France obtient de la Société des Nations un mandat sur les régions syriennes du Levant. Le général Gouraud défait les nationalistes arabes partisans de la Grande Syrie (Ech-Châm) à Maysaloun le 24 juillet, proclame, le 1er septembre, l'État du Grand-Liban et fixe ses frontières internationales en annexant au Mont-Liban maronito-druze le littoral, de Tripoli à Tyr, et la plaine intérieure de la Beqaa , deux zones où les musulmans sont amplement majoritaires. La France créa un Liban autour des Chrétiens maronites, lointains descendants des Croisés, affidés de la France. Ce Liban comptait comme par hasard 54% de Chrétiens et donc 46% de Musulmans. Un peu plus grand, le Liban aurait compté une majorité de Musulmans. Cela a donné un pays d'une superficie à peu près égale à celle d'une région française avec une population de 600 000 habitants. Il ne faut pas prendre très au sérieux les statistiques de cette période coloniale parce qu'elles étaient produites par les puissances coloniales qui les arrangeaient selon leurs intérêts : on peut supposer à juste titre que la population musulmane était en fait légèrement supérieure en nombre aux Chrétiens. Les Sunnites, du moins ceux qui n'étaient pas les opposants vaincus, mis sous la férule des Maronites, acceptèrent néanmoins ce découpage parce qu'il les mettait au-dessus de leurs coreligionnaires Chi'ites, les mal-aimés de l'Islam majoritaire. La Constitution du Liban fut donc confessionnelle : les postes de responsabilités furent répartis selon la religion et cela avantageait « naturellement » les Maronites. Avec le temps, cela se traduisit par l'apparition de classes sociales corrélées avec l'appartenance religieuse : en haut, les Chrétiens Orthodoxes et les Maronites, juste dessous, les Sunnites et en bas, les Ch'ites. Le reste du Moyen-Orient a été « cédé » à la Grande-Bretagne qui avait déjà une grande expérience (acquise en Inde) de contrôle de populations indigènes sans implantation démographique : elle n'utilisait même pas des troupes anglaises pour mener ses guerres, les mercenaires moyen-orientaux et ceylanais sont utilisées en Inde, les Indiens sont envoyés au Moyen-Orient, etc. Seul l'encadrement était d'origine britannique. On connaît l'histoire de Lawrence d'Arabie. La Grande-Bretagne créa ainsi des États, des émirats, des royaumes, des principautés de façon à les opposer les uns aux autres tout en soutenant le plus faible contre la majorité représentative. Les Arabes nationalistes, hormis ceux qui se sont laissés prendre aux jeux coloniaux, ont créé un front pan-arabe, celui de la Grande Syrie , le pays appelé Ech-Châm. Il est notoire que parmi ces nationalistes se trouvaient aussi des Chrétiens. Ils ont voulu résister militairement à cette partition coloniale. Les troupes françaises et anglaises les ont battues et la voie était libre pour les nouveaux États : le Liban, le Syrie, la Jordanie , etc. C'est dans ce contexte, qu'après avoir cherché un pays pour y installer « un foyer national juif », après avoir pensé à l'Afrique, à côté du Nigeria, après avoir refusé le Birobidjan soviétique, le sionisme mondial et la Grande-Bretagne jetèrent leur dévolu sur la Palestine. En 1948, la Seconde Guerre Mondiale avait introduit une nouvelle dimension aux relations internationales : la guerre froide. Aussi, ce qui n'était que promesses le 2 novembre 1917 (déclaration de sir Balfour, ministre des affaires étrangères de la puissance coloniale de tutelle) devint un État, Israël, créé de toute pièce en terre arabe, par le feu et par le sang par 33 votes au sein de l'ONU coloniale de cette époque coloniale très peu représentative des peuples du vaste monde. Aujourd'hui, les seuls pays arabes sont vingt deux, sans compter tous les États qui regroupent le reste du milliard de Musulmans en Afrique, en Asie, en Europe... soit 20% de la population mondiale ! Cela a posé un vrai problème à la France qui avait sa politique arabe à défendre au Moyen-Orient pour contrer l'influence anglaise. Le Quai d'Orsay était contre la création d'Israël. Les Russes voulaient injecter dans cette région des Juifs communistes pour prendre pieds au Moyen-Orient. Les Américains se considéraient comme investis d'une mission anti-communiste universelle. La France maintiendrait-elle son refus alors qu'elle disposait d'un droit de veto au Conseil de Sécurité de l'ONU ? En fait, pays vaincu par l'armée allemande et signataire d'un armistice avec Hitler, elle avait récupéré de droit de veto comme un cadeau de la part des USA et de la Grande-Bretagne pour les épauler contre l'URSS. Le chef du gouvernement, Monsieur Léon Blum était d'origine juive. Il n'était pas sioniste, ne prévoyait pas d'émigrer en Israël. Mais les sionistes lui ont envoyé une délégation qui l'a rencontré, qui lui a demandé de lever l'opposition du quai d'Orsay et du représentant de la France à l'ONU comme une reconnaissance de ses propres origines juives. Il a accepté. Un télégramme a été envoyé au délégué de la France. Les sionistes avaient gagné la bataille diplomatique contre les Arabes sous-représentés dans l'Onu coloniale de cette époque. Les Arabes s'opposèrent militairement à la création d'Israël dans le cadre d'une défense arabe commune (Ed-Difa' El-Arabi El-Moucharak). Le Liban a fournit deux bataillons à cette armée arriérée de soldats à peine sortis de plusieurs siècles de colonialisme turque puis occidental. Les Anglo-Américains avaient fourni les livraisons militaires nécessaires pour faire vaincre Israël. La France ne voulait as que la victoire d'Israël portât atteinte à=aux Chrétien du Liban. Elle obtint la convention d'armistice israélo-libanaise de Ras En-Naqoura qui a fixé, le 23 mars 1949, la ligne de cessez-le-feu sur la frontière internationale délimitée en 1920 par les puissances mandataires. Cependant le Liban n'a jamais signé de traité de paix avec Israël jusqu'à ce jour. Le principe retenu par tous les hommes politiques libanais depuis cette époque est que « le Liban sera le dernier pays arabe à signer la paix et à reconnaître Israël »

    Dès lors la bienveillance des puissances coloniales était partagée entre leurs séides locaux (rois et princes directement sortis du Moyen-Âge et dont le pouvoir dépendait de l'appui militaire de l'Occident) et le nouvel État gendarme créé... avec beaucoup de contradictions et d'incompatibilités. Mais bon an, mal an, le système tenait : les pays de la région étaient « définitivement » divisés, leur richesses naturelles étaient exploitées par l'Occident à vil prix. Quand un pays de la région tentait un mouvement d'émancipation, il était soit déstabilisé par un coup d'État favorable aux métropoles européennes (Mossadegh, etc.) ou aux USA, soit attaqué militairement avec la participation plus ou moins directe d'Israël (invasion de l'Égypte en 1956).

    Cette construction laborieuse ne résista pas au temps. L'existence d'Israël ne justifia pas les espoirs de ses fabricants :
    1. ► le « foyer national juif » n'a jamais vu le jour : la majorité des Juifs boude Israël et continue à vivre à l'étranger ; la plus grande ville juive du monde, c'est New York et non Tel-aviv.
    En face, la démographie des Palestiniens, des Libanais, des Syriens, des Jordaniens ; des Égyptiens, tous des voisins immédiats d'Israël, est galopante.
    Or, à long terme, l'histoire finit toujours par rejoindre le parti de la masse démographique...
    2. ► Il y a aussi des obstacles de géographie physique qui se dressent contre l'immigration en Israël de tous les Juifs du Monde ─ à supposer qu'ils veuillent ou qu'on les force à y aller ─ ; il s'agit que manque d'eau !
    La quantité d'eau disponible dans cette région ne peut pas assurer un mode de vie occidental à plus de monde que ceux qui y vivent actuellement. Israël est donc poussé sans cesse à des guerres pour élargir son périmètre de nappes phréatiques en repoussant les Arabes toujours plus loin dans le désert, pour occuper leur territoire. D'où des guerres incessantes au coût de plus en plus élevé.
    3. ► Après 60 ans d'existence, l'État sioniste n'est toujours pas rentable économiquement : malgré un transfert technologique inouï, sans un apport financier massif et régulier, il ferait banqueroute en une seule année ; facteur aggravant : la corruption se développe, les scandales financiers se succèdent dans les arcanes du pouvoir.
    4. ► En 60 ans d'existence, les pays de la région n'ont encore jamais accepté cette verrue. Même quand « un accord de paix » a été imposé à un pays en passant par une classe dirigeante soucieuse de sauvegarder sont statut, les peuples n'ont pas accepté. Des touristes israéliens sont assassinés régulièrement. Les sportifs du Moyen-Orient ne veulent jouer avec les joueurs d'Israël si bien que ce pays a été intégré dans les équipes d'Europe. Régulièrement, à l'occasion d'évènements spectaculaires (la guerre d'Irak, l'attaque contre les Twin Towers, etc.), la rue s'exprime spontanément et elle condamne l'existence d'Israël. Enfin, chaque fois que la population peut s'exprimer démocratiquement dans la région (Iran, Liban, Palestine), elle élit des formations politiques qui contestent l'existence d'Israël.
    Cela signifie que l'on ne voit pas la fin de la guerre commencée sous la houlette des puissances coloniale pour imposer Israël ; c'est la plus longue guerre de l'histoire moderne et contemporaine.
    On peut supposer que même si un gouvernement acculé ou acheté a reconnu le droit à l'existence d'Israël sur des terres arabes, cette reconnaissance sera de toute façon remise en cause par le peuple concerné. Tôt ou tard.
    5. ► Israël a été créé pour réparer les fautes de racisme anti-juif des métropoles coloniales sur le dos du peuple palestinien assujetti. Il va de soi que ce pauvre peuple palestinien n'était pour rien dans les crimes historiques commis contre les Juifs : pogroms, holocauste du peuple juif, etc. Mais le résultat de 60 ans d'existence d'Israël est que l'« antisémitisme », c'est-à-dire le racisme anti-juif n'a pas disparu d'Europe.
    Il n'existait pratiquement pas dans le Moyen-Orient musulman (depuis des siècles, dans des sociétés médiévales aux classes et compagnonnages très prononcés, les pays musulmans ont toujours abrité des minorités chrétiennes et juives ; il y eut de hauts fonctionnaires juifs, des ministres juifs... et cela continue aujourd'hui encore...).
    Mais l'existence d'Israël tend à créer, à développer et à fixer dans le Moyen Orient un racisme anti-juif alimenté par les abus militaires et de l'administration raciste israélienne contre les populations arabes. La création de l'État d'Israël n'a atteint aucun des buts antiracistes recherchés.
    6. ► Israël a été créé dans le cadre d'un projet néocolonial de contrôle du Moyen-Orient pour faire du bénéfice en installant à demeure Israël, un gendarme susceptible de garantir militairement l'accès aux hydrocarbures de la région à vil prix lorsque les mécanismes contrôlés du marché sont mis en échec, comme par exemple après la création par l'Algérie de l'OPEP.
    Or le prix de revient de l'existence d'Israël atteint un tel niveau qu'il devient une opération déficitaire pour ses promoteurs Européens et Américains : le prix se compte désormais en vies humaines, en argent donné, en argent non perçu (exemption de droits de douane) et en instabilité internationale, voire en résultats économiques négatifs (les prix du pétrole sont dépendants de la situation dans la région).
    Le décompte des vies humaines donne des chiffres très importants en pertes directes : Israël emporté par son élan guerrier a tué à plusieurs reprises des membres de l'ONU européens ou américains. À cela, il faut ajouter toutes les victimes des réactions désespérées et excédées des populations arabes qui sont passées à l'action terroriste (« guerre du faible contre le fort »). Dans ce chapitre, il faut compter aussi bien les victimes du 11 septembre que des dizaines d'attentats au Moyen-Orient et à travers le monde. Il faut aussi compter les victimes juives des guerres du Moyen-Orient : en fait, même s'ils ont été volontaires à titre individuel, ce sont bien des citoyens européens ou Américains, Juifs émigrés en Palestine ; ils ont perdu la vie dans le cadre d'un vaste plan néo-colonial qui n'a pas obtenu les résultats escomptés. Les pertes indirectes alourdissent ces pertes humaines.
    Pour tenter de faire cesser le carnage, les pays créateurs d'Israël ont été amenés à s'engager dans des guerres locales (l'occupation de l'Égypte en 1956, les interventions contre l'Iran, la guerre contre l'Irak : on y compte pas loin de 3000 morts. Tous ces chiffres n'existeraient pas sans l'abcès de la Palestine.

    Cela a généré des pertes financières considérables et beaucoup de pertes humaines. Bref, depuis la création d'Israël, le nombre de victimes européennes et américaines doit dépasser les 100 000 personnes !... et je ne compte pas les centaines de milliers de victimes arabes et musulmanes ! Je ne compte pas les millions de déplacés ayant quitté temporairement leurs foyers pour fuir les cruautés israéliennes. Ces populations sont parquées dans le plus grand camp de concentration du monde, Gaza (la densité de la population y est la plus élevée qui se puisse mesurer dans le reste de la planète). La communauté internationale paie pour leur subsistance à la place de l'agresseur, Israël, depuis des dizaines et des dizaines d'années.
    7. ► Enfin, il faut savoir que des personnes qui en Europe avaient dix ans au début de la Seconde Guerre Mondiale, en 1939, sont âgées aujourd'hui de soixante dix sept ans ! Ce ne sont plus des personnes en activité professionnelles ; elles ne gagnent plus d'argent, elles sont à la charge de la société, des jeunes générations. Cela veut dire que même si elles ont été antisémites (et tous les Européens ne furent pas des racistes, loin de là !), il n'y a aucune légitimité à faire payer le crime des racistes anti-juifs des années trente par les générations qui sont actuellement productives. La victimologie de l'holocauste passe de plus en plus mal.
    Les abus de celle-ci ajoutés au prix de revient économique et en vies humaines d'Israël pour un résultat quasi-nul font que même le contrôle des médias par des lobbys associés aux forces néocoloniales et sionistes ne suffit plus à faire passer la pilule aux populations européennes et américaines. Un ras-le-bol envers Israël s'installe au plus profond de la population européenne et va se renforçant : d'où le succès politique de formations qui font semblant de s'attaquer aux « immigrés » et dont le vrai but inavoué est de s'attaquer à une autre partie de la population européenne. Lors d'un débat politique, Le Pen avait demandé à un ministre du travail s'il avait la nationalité israélienne – celui-ci l'avait - ; Le Pen a alors laissé entendre que c'était un « mauvais Français » ou du moins qu'il n'avait pas la légitimité pour parler eu nom de la France.
    Dans pas très longtemps, si ça continue, nous serons témoins de graves mouvements de rejet massif. Ce résultat catastrophique de l'idée sioniste a été prévu par beaucoup de penseurs et notamment par des penseurs juifs venus d'horizons très divers : Marx, Trotsky, Freud, Einstein, des Rabbins célèbres, etc. qui ont tous condamné et condamnent encore le sionisme.
    8. ► Les promoteurs de l'État d'Israël ont pensé que l'arme atomique suffirait pour terroriser et geler le Moyen-Orient. Ils ont donc doté cette chimère politique de l'armement nucléaire. Mais les peuples du Moyen-Orient regardent les informations, l'actualité et savent qu'il y a eu Hiroshima et Nagasaki, puis qu'il y a le Japon riche et prospère d'aujourd'hui. Ils savent qu'il y a eu Tchernobyl et que la vie a repris et continue en Ukraine. Ils savent que l'État nucléaire et raciste de l'Afrique du Sud a dû désarmer et redevenir un État normal. Ils savent qu'une guerre nucléaire au Moyen-Orient se déroulerait aux frontières mêmes d'Israël, un pays de superficie réduite, sans profondeur stratégique, qui ne pourra pas utiliser l'armement atomique autrement que comme « chant du cygne noir ». Et après sa mort suicidaire, la vie reprendrait petit à petit dans la paix et la prospérité revenue.
    C'est devant ce constat d'échec d'une politique diligentée pendant plus de soixante ans contre les Arabes que les empires coloniaux recomposés en empires néo-coloniaux sont arrivés à la conclusion que les ensembles politiques imposés aux peuples arabes à l'aube du XX ème siècle étaient trop étendus, trop peuplés. La solution serait selon ces stratèges Folamour de notre temps de recomposer le Moyen-Orient en une multitude de petits pays opposés les uns aux autres par la tendance religieuse, par les us et coutumes, par des contradictions économiques, par des litiges territoriaux, par des conflits dynastiques, etc. Comme d'habitude, l'opération devrait être menée sous couvert de « démocratisation à l'américaine ». Concrètement, il s'agissait d'isoler du réseau financier mondial tous les régimes démocratiquement élus qui refuseront le parrainage des USA et de l'Europe néo-coloniale ; il s'agit de les de les saboter par tous les moyens possibles. Il fallait attaquer le Liban pour le casser, le morceler. Dans la configuration de morcellement poussé, souhaitée l'État d'Israël aurait sa place. Certains petits États iront même solliciter son aide contre le coreligionnaire, le consanguin transformé en ennemi : cela s'est vu dans les micro États de l'Espagne arabe décadente. Ce raisonnement s'est aussi imposé aux USA parce qu'ils ont constaté que, dans la configuration actuelle, le temps a joué contre eux au Moyen-Orient. Les pauvres se multipliant beaucoup plus et beaucoup plus vite que les riches, les Chi'ites du Liban approchent la majorité de la population du pays. Ils sont suivis par les Sunnites. Les Chrétiens ne sont plus la partie majoritaire. De plus, nombreux sont parmi les Chrétiens qui se sentent Arabes avant d'être les alliés des USA ou même de la France. Ils ont vécu le drame palestinien en voisins. Ils accueillent sur leur territoire plus de 500 000 réfugiés palestiniens qui attendent de retourner dans leur pays. Avec le temps, à travers les crises et même des guerres civiles, voire des ralliements partiels à Israël dont ils ont gardé le goût amer du sentiment de trahison, les dix sept communautés qui forment le Liban se sont soudées. Quand l'Occident est l'allié d'un pouvoir fort, même s'il l'a imposé par la force, il le fragilise en critiquant son « manque de démocratie », le « mauvais respect des droits de l'homme », etc. Les oppositions « démocratiques » sont soutenues en sous-main mais pas au point de prendre le pouvoir. Ce soutien sert à garder la pression sur « le pouvoir ami ». En effet, si ce pouvoir fort renforce son assise ; il deviendra de plus en plus revendicatif dans l'arène internationale, de plus en plus nationaliste... par la force des choses, il risque de se retourner contre son maître d'hier : combien de fois les USA ont dû intervenir en Amérique Latine contre des dictateurs qu'ils avaient placés et qui ont pris un air d'indépendance ; Ben Laden a bien été un salarié de la CIA en Afghanistan. C'est pour se prévenir contre ce type un peu spécial de conflits salariaux que les puissances dominantes doivent maintenir leurs marionnettes en état de fragilité relative. Mais quand l'Occident a en face de lui un pouvoir nettement démocratique qui suit la volonté populaire et qui ne reconnaît pas la légitimité d'Israël, alors il finance toute sorte de généraux, de subversions contre l' « extrémisme » prétendu de ce régime. Peu chaut si comme en Iran, ce régime a une solide base sociale pour son action de justice économique. Peu chaut que ce régime fasse vraiment progresser les sciences et la technologie pour le bien-être de son peuple. Et si la sédition ne marche pas, l'Occident cherche le conflit militaire direct. C'était le cas avec l'Afghanistan et l'Irak. C'est le cas avec l'Iran et de la Corée du Nord. C'est le projet proche pour la Syrie. Après-demain, ce sera le cas avec le Pakistan, avec l'Algérie, avec l'Égypte. Voilà le tableau général et voilà les perspectives stratégiques de l'Occident dans lesquels a pris place la guerre du Liban, la dernière des guerres du Moyen-Orient. Supervisée par les USA, politiquement et comme toujours militairement, y compris au niveau de la fourniture d'urgence d'armement interdits pour surmonter des difficultés imprévues rencontrées sur le terrain.
    Les buts de la guerre étaient les suivants :
    ► Compenser les difficultés rencontrées en irak. Cette intervention avait été considérée comme La Solution ! Trois mille victimes américaines plus tard, cela s'est avéré faux.
    ► Alors, la fuite en avant s'est imposée : la destruction de la société libanaise en une multitude de petites entités étatiques antagonistes, inféodées aux USA et donc à Israël.
    ► Cela permettait aussi de récupérer les eaux du Litani qui viendraient s'ajouter à la nappe phréatique de la zone des fermes de Cheb'a contrôlées depuis 1967.
    ► Cela aurait aussi permis de tester contre la milice locale du Sud (Hezbollah) partiellement occupé la future action contre l'Iran qui est un appui solide des forces anti-israéliennes.
    ► Enfin, Beyrouth est un centre financier important et un port qui sert de poumon tout le Moyen-Orient. Cela aurait dû faire péricliter cette économie et aurait dû booster l'économie d'Israël.
    Il y a une pause dans les évènements du Liban. On peut faire un point pour voir si Israël a atteint ses objectifs et pour tenter d'imaginer la suite des évènements.
    Au plus fort de l'invasion israélienne, nous avons considéré que l'objectif principal d'Israël était l'éclatement de l'entité libanaise dans le cadre de la politique américaine de remembrement du Moyen6orient.
    Nous avons donc recherché l'opinion des Libanais ? Mais nous n'avions pas la possibilité d'aller sur place.
    Nous avons décidé de travailler la question par le biais d'Internet et aussi en explorant la planète libanaise à travers l'importante communauté qui vit en France. C'est dans ce contexte que nous avons voulu savoir si les USA et Israël avaient réussi à affaiblir la société libanaise. Paris est un petit Beyrouth. Et nous avons fait une enquête dans ce petit Liban. Qui a fait quoi ? Comment la société libanaise a réagi ? Quel est le bilan de cette agression ? Comment les protagonistes extérieurs à la région tentent-ils d'atteindre leurs objectifs ?

    Pour la romancière et poétesse libanaise Vénus Khoury-Ghata , chrétienne maronite, un des buts de l'agression israélienne était de casser la société solidarité et l'entité nationale du Liban en opposant les minorités les unes aux autres : « Kissinger, il y a 25 ans ou 30 ans avait ce rêve de démanteler ce Proche-Orient et en faire des mini états religieux, chiite, sunnite, alaouite, maronite, etc. en présence d'un état juif voisin. Tant que les autres arabes demeureront liés ensemble et formant une entité arabe, il n'y aurait pas de possibilité de vie, d'existence pour Israël. Le malheur serait de voir un jour tout se fracasser en une myriade de petits états religieux pour qu'Israël puisse avoir sa place parmi ces mini-états théocratiques et au plan démographique, avoir un poids comparable. Il serait le plus armé de tous, le plus techniquement performant. Auparavant, je considérais cela comme une plaisanterie. Mais maintenant, je vois qu'on cherche de plus en plus à réaliser ce plan Kissinger. Pendant la guerre du Liban qui était atroce qui est devenue une guerre interconfessionnelle de 1975 jusqu'à 1981, je ne croyais pas que tel était le but des USA. Maintenant, je vois très bien que certaines forces internationales veulent imposer un état chiite qui s'étendrait jusqu'à Beyrouth incluse et après ce serait un état maronite, un état chrétien...
    C'est la politique américaine de ces trente dernières années qui continue, et c'est terrible, d'imaginer qu'il y aurait un jour un état chrétien, de 45 km2, ouvert vers la mer, sans avoir de partenaires commerciaux à l'intérieur des terres, un état alaouite, un état sunnite, un état chiite, ... ce qui fait qu'il n'aurait pas chance de survie. Les libanais chrétiens seraient obligés comme ils l'ont fait en 1860 après le génocide par les druzes, d'émigrer, de quitter le Liban.
    Il convient de rappeler que, naturellement, les libanais chrétiens ont toujours joué un rôle intellectuel important dans le Moyen-Orient tout en y étant très intégrés. Ils n'ont jamais eu envie de quitter le liban. Dans le temps, on se sentait chrétien avant de se sentir libanais. Maintenant, on se sent d'abord libanais. Il y a eu la révolution du 14 mars qui fut très importante où Chrétiens, Sunnites, Druzes, etc. se sont rassemblés pour recréer ce Liban multiconfessionnel qui a vécu longtemps très bien et qui aurait pu continuer à vivre s'il n'y avait pas eu le problème palestinien à résoudre. J'ai pitié des Palestiniens, c'est un peuple chassé de son pays. S'il n'y avait pas eu de problème palestinien qui est devenu une force interne dans l'état comme le sont les chiites maintenant, nous n'aurions pas eu de guerre civile entre nous. On s'entendait très bien les diverses communautés. Vous grattez un peu, le sunnite oublie qu'il est libanais, il se joint aux palestiniens et c'est le retour au communautarisme. Mais j'espère que ça n'a pas marché ce coup-ci. Sinon ce serait l'étranglement du liban. Rien qu'en imaginant un Liban chiite, un Liban chrétien, un Liban druze, de petites mouqata'ates, comme au temps des moutassarifines, des ottomans, des petits états, les uns à côté des autres, ce serait la décadence, tout ce qu'on a amassé pendant des décennies qui s'en irait, effaçant des siècles de coexistence pacifique. Mais ce qui est terrible pour le LIban, je considère honteux d'imposer toujours un président de la république maronite, un président de la chambre chiite, un président du parlement sunnite, et de continuer à penser comme ça. Il faut dire qu'au Liban, il y a toujours cette mention de la religion dans les documents d'identité. On a beau l'enlever de notre tête. Je suis chrétienne, mariée à un musulman sunnite Ghata, d'origine albanaise et ma fille est mariée à un juif ; nous nous sentons comme des gens laïcs n'observant aucune religion. On croit en Dieu et cela suffit.
    A ce propos, d'ailleurs, la société libanaise serait prête à retirer la mention confessionnelle des pièces d'identité. Les gens instruits, les gens cultivés y sont favorables. Il y a aussi les objectifs américains. Pour moi, les américains détestent les chrétiens, ils détestent d'ailleurs tout le monde dans la région. Bush veut à tout prix casser ce Proche-Orient et en faire des mini états religieux. Et en plus, le Liban n'aurait pas dû l'intéresser, n'étant pas producteur de pétrole, il l'utilise plutôt comme champ de bataille. On s'est habitué à cela, chaque fois qu'il y a des escarmouches, comme les mères qui ont en marre de leurs enfants qui font la pagaille à la maison, elles les envoient au terrain vague. Nous sommes au Liban le terrain vague du Proche-Orient ». Sur un ton d'amertume, la romancière confiera : « J'ai trois enfants d'un premier mariage qui vivent au Liban, et quand je leur dis venir en France s'établir, ils me répondent non, que c'est notre pays, le Liban, nous allons vivre avec lui, et s'il meure, nous mourrons avec lui ». Concernant le renforcement de la Finul au Liban, elle doutera de sa mission : « Je ne sais pas ce que ça va donner. Je trouve magnifique que ce soit à l'initiative française que les combats se sont arrêtés. Si on se remettait à Bush, rien ne se serait arrêté, tout le Liban aurait été pulvérisé, et pas uniquement le Liban. Israël quant à lui d'autres objectifs : capter l'eau du Liban « il y a trente ans, en France, invitée par l'épouse d'un député mauricien, quelqu'un se présente à moi comme étant le directeur de l'office du Litani, un fleuve totalement enclavé dans le Liban. Je pensais qu'il était libanais, c'était un israélien. Donc, il y a trente ans, ils avaient créé un office du Litani chez eux, pour voir déjà comment se l'accaparer. Vous imaginez le cynisme de ces gens ».
    Pierre Salem est médecin à Paris. Il fut le conseiller de Raymond Éddé, le dirigeant du parti du front national du Liban. Pour Pierre Salem, un Chrétien maronite : « Ce qui est important, c'est la libération des fermes de Chebaâ par les israéliens. Chebaâ est dans le Liban depuis 1862. Israël, aujourd'hui, dit : « Chebaâ n'est pas libanais » pour justifier la non application de la résolution entière 425 de l'Onu qui dicte aux forces israéliennes de quitter le Liban. Il ne s'est pas retiré de Chebaâ. En 1954, il y a eu entre les arabes, un pacte, Edifaa El Arabi El Mouchtarak, la défense arabe commune. Les unités syriennes ont été autorisées de stationner à Chebaâ. Lorsqu'elles ont été délogées en 1967, Israël a mis la main sur Chebaâ. C'est un territoire libanais à l'origine et où ont stationné des troupes syriennes, temporairement. Voilà le réel problème. Les Nations Unies disent que Chebaâ relève de la résolution 224 (de 1967), le Liban dit : « ça fait partie intégrante du pays et donc il faut qu'Israel quitte Chebaâ ». « Je suis fier du travail accompli par le Hezbollah, mais si je suis pour le désarmement du Hezbollah et l'envoi de l'armée dans le Sud Liban, c'est parce qu'on ne peut pas avoir un Etat dans l'Etat. La présence du Hezbollah, pour moi, donne à Israël, et donnera toujours à Israël le prétexte de revenir dans le Liban Sud. Je dirais même plus que ça : Israël ne veut même pas qu'on désarme le hezbollah. Dans ses premières déclarations, Ehmut Olmert, le Premier ministre israélien, au début de la guerre n'a jamais dit : « je veux désarmer le Hezbollah ». Il a dit : « je veux repousser le Hezbollah au nord du Litani ». C'est en fait pour récupérer tout un territoire au sud du Litani et s'approprier l'eau de ce territoire.
    Le Hezbollah fait l'affaire des israéliens. Ça leur donne le prétexte d'envahir le Liban quand ils le veulent.
    Israël veut même punir le Liban par la guerre. Et Il y a plusieurs raisons à cela. Un, la question de l'eau. Deux, la question des palestiniens, 500.000 Palestiniens qui veulent revenir chez eux et qu'Israël veut fixer définitivement au Liban. Israël veut annuler l'application de la résolution 194 de l'Onu qui implique le droit au retour de 1949.
    Le problème de l'eau
    Le problème de l'eau est aussi vieux que la création d'Israël. En 1917 le mouvement sioniste revendiquait les frontières comprenant les ressources du Yarmouk, du Jourdain, et du Litani. En 1919 : la France a refusé aux sionistes d'avoir les frontières nord avec le Litani. En sept.1919, le gouvernement britannique réclame que les frontières nord de la Palestine passe par une ligne s'étendant de l'embouchure du Litani Tasmié en allant vers l'Est jusqu'à Manianis. En décembre 1919, le gouvernement britannique annonce une autre proposition consistant à baisser les frontières à partir du nord saint jean d'acre vers le nord à condition qu'elle comprenne une partie seulement du bassin du Litani au lieu du bassin tout entier. La France rejette cette proposition. En février 1920 la France rejette la proposition et affirme que le Litani et son bassin demeureront partie intégrante du territoire libanais. En 1920 la colonie juive de Talhai est attaquée par les fyddayine arabes. 07 guerriers juifs sont tués parmi lesquels une des figures de proue du mouvement sioniste, le seul juif à avoir accéder au rang d'officier dans l'armée tsariste. A l'issue de ce grave incident, les sionistes se déchaîneront de nouveau et obtinrent le soutien de la Grande Bretagne en vue de modifier le tracé de la frontière afin d'englober à l'intérieur de la Palestine les kiboutzins du nord menacés par les attaques arabes. La France est alors contrainte de négocier et à l'avance elle demande une solution de compromis dans l'affaire des frontières en proposant que la frontière suive une ligne passant par Macoua vers l'est et bifurquant vers le nord constituant ainsi un angle presque droit afin que les kibboutz juifs attenant à la plaine de Holé fasse partie intégrante de la Taissy, c'est ce qu'on appelle le doigt de Galilée actuellement. En nov.1920, le conseil consultatif juif réuni à Jérusalem adopte une résolution insistant sur le fait que les frontières entre le Liban et la Palestine doivent comprendre la partie inférieure du Litani. La France une fois de plus rejetait cette proposition.
    « Sans accord sur l'eau, il n'y aura pas d'accord, car pour le peuple israélien, l'eau est beaucoup plus importante que la paix » déclarait Isaac Rabin, montrant par là, que la sécurité si souvent évoquée par Jérusalem était secondaire. La sécurité est secondaire par rapport à l'eau, donc la dernière guerre du Liban se justifiant par la sécurité d'Israël, ce n'est que du bla-bla-bla. Le Premier ministre israélien il a parlé de libérer deux soldats : est-ce que pour faire libérer 2 soldats on en sacrifie 114 ? A-t-on nommé une commission pour aller s'occuper des négociations pour récupérer les deux soldats ? Bien sur que non. Ce n'était qu'un prétexte, et un prétexte qui ne tient pas la route. Autre déclaration, Istzak Rabin disait « quelques soient les mesures techniques prises, la pénurie potentielle en ressources hydrauliques pourrait conduire Israël à s'entendre avec ses voisins sur les questions territoriales en échange d'eau, ce serait alors la paix au Moyen-Orient. A défaut d'accord, l'Etat hébreu lancera les cohortes de Tsahal ». Shimon Pérès a dit textuellement le 15 mars 1995 à Elmut Kohl : « en temps de guerre, nous avions besoin des armes, pour la paix nous avons besoin de l'eau ». L'on pourrait ajouter autre chose : Israël a accepté de se retirer de l'Egypte lorsqu'il a obtenu des égyptiens l'exploitation des eaux souterraines de la région de Rafah dans le Sinaï. Les arabes n'en parlent pas. Mais en temps de paix entre l'Egypte et Israël, les accords ont été signés après acceptation par l'Egypte de céder les eaux souterraines de la région de Rafah. Il y a eu, à ce propos, une info formidable à la télé : les intellectuels jordaniens demandent à leur gouvernement d'annuler l'accord de Oued El Araba. En quoi consiste-t-il ? Le traité de paix israélo-jordanien a été signé quand la Jordanie a accepté le 07 juin 1994 de partager avec Israël les eaux du Jourdain et du Yarmouk ainsi que les eaux souterraines de Oued El Araba. Sinon il n'y aurait eu jamais de paix. Le deuxième problème est celui des Palestiniens. Israël en détruisant le Liban comme il l'a fait, poursuit un autre but. Il ne faut pas oublier que le Liban est endetté, il a emprunté 40 milliards de dollars à cause de la reconstruction. En aggravant les problèmes économiques du Liban, on pousse le Liban à accepter un accord selon lequel on effacerait sa dette à condition qu'il accepte la fixation des Palestiniens au Liban sud. Le prix de cette assimilation forcée serait l'effacement de la dette du liban. La destruction du port de Beyrouth, de la route (du pont) de Damas, cela signifie tout simplement, qu'Israël veut que le port de Haïfa remplace le port de Beyrouth. En démolissant la route de Damas, on coupe le transit entre le Liban et la Syrie qui rapporte 50 millions de dollars à l'Etat libanais. Donc Israël détruit le Liban sciemment. Le Liban est le seul concurrent économique dans la région. Dynamique, « il vend de l'intelligence » et des services aux autres pays arabes. L'économie libanaise est basée sur le tourisme. Cette année, il devait rapporter quatre milliards de livres libanaises, surtout avec les touristes arabes. Les touristes arabes ont plié bagages dès le début de l'attaque. Israël veut démolir le Liban économiquement parce que c'est un pays, qui, au cas où il se développerait, pourrait jouer un rôle intellectuel dans la région – ce qui pourrait empêcher Israël d'entreprendre ses projets futurs. En poussant la population chiite vers le nord du pays et en créant une zone vide entre la frontière et le Litani, Israël cherche à créer des tensions entre les libanais, c'est-à-dire, en acculant les chiites dans leurs montagnes et à Beyrouth, il vise à créer des conflits entre la population chi'ite et la population chrétienne. Ce qui amènerait une nouvelle guerre civile au Liban à l'avantage d'Israël. Autre chose, Israël veut créer dans la région des petites entités, des douaïlates, des principautés, petites entités territoriales à caractère confessionnel. Un pays pour les chiites, un pour les sunnites, un autre pour les maronites, etc. bref, la partition du liban. Il s'agit tout simplement du nouveau Moyen-Orient dont nous parle Georges Bush. Dans ses mémoires de Shimon Pérès parle déjà de ce projet là en 1993. Donc créer une myriade de mini-états pour montrer au monde entier, que le mini état juif dans cette région n'est pas le seul état confessionnel. Si vous voulez avoir de grands pays laïcs ou musulmans arabes, autour d'Israël, ça n'arrangera pas Israël qui ne veut pas de grands pays autour de lui. Autre problème important. S'agissant des ports de Haïfa, de Beyrouth. Israël projetait de faire un canal entre la mer Méditerranée et la Mer Morte. La Mer Morte a vu son niveau baisser de cinq mètres en l'espace de cinquante ans. La Mer Morte est en train de sécher ; le dénivelé est de l'ordre de 300 à 396 mètres . Donc Israël veut faire venir l'eau de la méditerranée vers la Mer Morte, mais aussi des bateaux lesquels au lieu d'aller à Beyrouth peuvent arriver carrément en plein désert en Jordanie. Israël pourrait ainsi toucher des royalties sur le transit. C'est aussi une façon, grâce au dénivelé de 400 mètres de fabriquer de l'électricité, de l'énergie, ainsi de suite. Et pour cela, Israël a besoin de conquérir des territoires nouveaux. De tout ce qui précède vous déduisez ce qu'Israël veut du Liban. Lors de cette dernière guerre, il n'a pas obtenu ce qu'il voulait. Les hostilités pourront reprendre à n'importe quel moment. Dans l'état actuel, Israël ne pouvait plus aller loin dans la guerre. Les Américains même les Français, ont donné le temps aux israéliens d'en finir avec le Hezbollah. Le temps imparti a été dépassé. Lorsque la guerre a éclaté, avait lieu la réunion du G8 et personne n'a appelé à arrêter les hostilités. Les participants croyaient à l'effondrement du Hezbollah. Même Condoleeza Rice, lors de ses fréquents voyages au Liban pendant la guerre, demandait aux Druzes, aux Maronites, de prendre position par rapport au Hezbollah, ce qu'ils n'ont pas accepté de faire parce que c'eut été une dissension interne. (à suivre ...)


  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :